Bientôt une année sans compilation ADA !? Il est vrai que la dernière sélection, en décembre 2017, comptait pour double et regroupait, face à la profusion, les volumes 44 et 45. Mais quand même…
Non : l’envie ne s’éteint guère, l’amour du rock (et l’envie d’en parler) fait toujours vibrer la team. Simplement, ce Webzine (comme tous les autres) fonctionne au bénévolat, à la curiosité sans enjeu, et les impératifs ou aléas du quotidien empêchent parfois de s’immerger à 100% dans la confection d’une nouvelle compile – et tant qu’à lancer un volume 46, autant y aller à fond ! S’y ajoutait le lancement du Hors Série # 14 dédié au Boire de Miossec – machine à bouffer du temps – et la masse de disques (de plus en plus amazonienne) que nous recevons chaque semaine.
Car plutôt que de benoîtement suivre la routine mercantile des publications sur papiers glacés, et d’encenser des musiciens que nous n’aimons pas (mais qui vendent), nous préférons, comme toujours, éplucher les nouveautés, mettre à égalité un premier album autoproduit et la dernière sortie d’un mastodonte, écrire avec enthousiasme sur un EP sommeillant au fin fond du Net. Ce qui ne signifie aucun rejet face au commercial, loin de là : quoi de plus beau qu’un grand disque atteignant un large public ? Mais il faut également savoir dire « non », s’insurger contre une machine commerciale que les médias osent nous vendre comme « le truc le plus cool de l’époque » (inversement à certains journaux, le monde du Webzine n’est pas rémunéré par les labels).
D’où une compilation 46 qui ressemble aux actuels goûts des rédacteurs ADA. Sans copinage. Au vote démocratique. Car rappelons le principe : parmi la soixantaine de titres proposés, chaque chroniqueur sélectionne ses morceaux préférés, en solitaire ; la mise en commun des votes permettant de dessiner une ligne précise, des évidences comme des rejets.
Sous le haut patronage d’Elysian Fields (que nous remercions chaleureusement pour ce beau cadeau), ADA 46 s’affirme plus hétéroclite que les précédentes compiles. Cela tient moins aux goûts de la rédaction qu’au refus des musiciens à vouloir suivre un chemin référencé, une route sous influence. Car si, auparavant, se dégageait un courant Dominique A, une tendance à la chanson populaire ou au punk scandé, cette sélection n’en fait qu’à sa tête. Logique : Holy Esque, Immigration Unit ou 8, pour n’en citer que trois, entendent déboussoler les critères, fracasser l’écrit facile, ouvrir leurs inspirations vers le champ des possibles – sans même parler d’Elysian Fields, dont l’univers, depuis l’origine, reste inclassable.
Et finalement, Jennifer Charles incarne parfaitement ce que nous attendons en 2018 de la musique : une atmosphère qui surprend, qui outrepasse l’arbre généalogique pour entraîner vers le mystère. Du personnel qui deviendrait universel.
Merci à Vania de Bie-Vernet pour ce superbe artwork.
Melodic alt-pop in the vein of Soccer Mommy is driven by winding guitar lines and augmented with dreamy shoegaze elements. Bandcamp New & Notable Jan 14, 2021